Mais qui est donc ce beau jeune homme ténébreux là-bas, assis dans cet élégant fauteuil en cuir ? Grand, svelte, il a des yeux comme deux billes noires et sa peau pâle n'est pas sans rappeler le marbre des plus belles statues antiques. Il porte une chemise blanche entrouverte et un jean noir qui moule parfaitement sa virilité. Un rayon de lumière estivale caresse son visage tandis que l'ombre des persiennes calfeutre ton regard qui l'épie. L'homme avale une gorgée de son verre de vin et, après avoir porté un regard empreint de tendresse sur le monde, retourne à sa lecture. Le livre est épais, les caractères petits, il n'y a pas d'illustrations et tu distingues même des astérisques en bas de page... Cet homme serait-il un lettré lui aussi ? Cette idée te fait frémir de désir.
Ta curiosité te pique les tympans, quel livre est-il donc en train de lire ? Du Nietzsche ? Les pensées de Blaise Pascal ? Du Marc Levy ? Ce serait trop beau... tu n'oses rêver et détournes ton regard vers l'horizon bleuté de la mer. Ah ! Si seulement tu avais autant de chance qu'Arielle Dombasle !
Tout à coup, une joyeuse bande de mariachis arrive à votre portée. Il y a là qui un guitariste, qui un trompettiste, qui un joueur de flûte de pan, suédois de surcroît. (j'ai horreur des clichés!) Ils se mettent à jouer ton air préféré : "En el puento d'Acapulco " avec un allégro parfaitement à propos. Tu ne peux empêcher tes épaules de frétiller de plaisir et tu remarques que l'homme près de toi fait la même chose avec son pied droit qui s'avère être très grand et très sexy dans sa petite chaussure en cuir. Mais d'où lui vient un tel charisme ?

L'homme brusquement se retourne et te dévisage. Ses lèvres pulpeuses sont encore humectées du vin qu'il vient de déguster. Tu te sens fondre comme la chantilly sur un cupcake trop...chaud.
L'homme se penche alors vers toi et te murmure doucement : "Conlage, Quentin Conlage...et vous même ?
- Une lectrice mais tu peux m'appeler Chérie...."Tu ne peux t'empêcher de glousser stupidement et tu t'en mords les doigts intérieurement. Tu espères tellement qu'il ne te prenne pas pour une gourgandine ! Son regard protecteur et chaleureux te rassure néanmoins. Tu as raison lorsque tu t'imagines qu'il te trouve sexy dans ta robe Léopard, et non, Chérie, il ne la trouve pas trop courte...
Il y a de l'électricité dans l'air à dire vrai, et même Fernando, le suédois joueur de flûte de pan, semble traversé par cette énergie mystique qui semble inonder la terre entière. Maqué séré ce oune coup dé foudre? pense-t-il tout heureux.
D'un coup en effet, Fernando s'écrit d'une voix suraiguë : "Olé yépépépépia !!!" et se lance dans un majestueux prélude scandinave méconnu avec son instrument. N'avait-on jamais entendu pareille merveille ? Ah cette mélodie, quelle mélodie clames-tu en tapant joyeusement des mains, et, tout en dévorant du regard ton délicieux voisin, tu te mets soudain à penser à l'ironique petite sonate de Vinteuil. (cherche sur google le lien si tu ne l'as pas, ça a un rapport avec Marcel Proust !) Bien évidemment, les deux compères de Fernando, tout impressionnés par le génie de leur ami se mettent au rythme et vous voilà témoins d'une improvisation spectaculaire qui mêlent influences nordiques et sons sensuels de l'Amérique du sud.
A la fin de leur représentation, Quentin se tourne vers toi et bien innocemment te déclare : "Je lis du du Gabriel Garcia Marquez en ce moment, connaissez-vous ? La l'Amérique latine me fascine, j'aimerais tellement visiter tous les pays pour m'imprégner de cette culture !"
Tu hausses alors les épaules et lui répond malicieusement : "Oh, je m'y connais un peu! " et tu lui lances un clin d'½il si ravageur et mystérieux que même la flèche de Cupidon n'aurait pu si bien atteindre sa cible.

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